Depuis la mort brutale de ces trois adolescents, tués dans leur voiture,
un dimanche en allant à un mariage, par un poids lourd que conduisait un routier épuisé, nous sommes irresistiblement attirés par les casses automobiles ; comme si les raisons de tolérer l’inacceptable se trouvaient dans ces amoncellements de carcasses.
Ce jour, là, il devait faire moins dix degrés et nous avions les doigts gelés, il avait neigé la veille et la neige, avait tenu ; évènement rarissime et magique en région parisienne.
J’avais trop froid pour tenir l’appareil et nous étions en équilibre instable sur les débris de tôle glissants.
Le soleil de midi allait disparaître derrière les premiers nuages d’une dépression.
Il nous fallait ramener ces images et quand je les ai eues, j’ai livré bataille, guidée par la mémoire.
J’ai compris que la neige mystérieuse et pure n’était pas blanche et brûlait.
